vendredi 9 mai 2008

Le film: Maréchal nous voilà?

Maréchal nous voilà ?
La propagande de Vichy 1940-1944

• Il est peu de régimes qui aient suscité autant de films que l’Etat français de Pétain. Longtemps trou noir de la mémoire sociale, il est depuis 20 ans ausculté sous tous les angles. Ou presque. Car jamais aucun film, documentaire ou fiction, ne fut consacré non pas aux actes et règlementations, mais à la propagande. C’est pourtant ce que les témoins ont d’abord retenu de la guerre.
• Des questions essentielles sont pourtant posées : quel discours officiel était tenu ? Dans quelle mesure y avait-il adéquation entre ce discours et la mise en œuvre de la politique ? Voilà des gouvernants qui, dans la tradition de l’extrême droite française, pensaient que la défaite, la débâcle était le résultat d’un délitement de la société, fruit d’un complot, un complot ourdi par ce que Pétain va appeler lui-même les « forces de l’anti-France » et qui avaient pour nom le Juif, le communiste, l’étranger et le franc-maçon. Il fallait donc, dans cette perspective, régénérer la société française de l’intérieur.
• Comment ? En rassemblant les éléments dits « purs » autour des valeurs traditionnelles : travail, famille, patrie, piété, ordre. On se trouve là au cœur de la propagande multi-supports du régime. Il s’agissait aussi d’exclure les éléments dits « impurs » jugés responsables de la défaite. L’exclusion était bien consubstantielle au régime de Vichy. Mais, ces thèmes là ne tinrent qu’une maigre place dans la propagande officielle. En particulier les persécutions antisémites.
• Tel est ce que le film explique. Il s’agit bien de repérer tous ces thèmes, mais également de donner à connaître le détail des services de l’Information, ceux des ministères bien sûr, mais aussi ceux qui relevaient de l’entourage direct de Pétain. Il s’agit, enfin et peut-être surtout, de mesurer l’emprise réelle de cette propagande sur les Français. En un mot : qu’en est-il de l’opinion publique ?
• Les choix cinématographiques sont proches de ceux que les mêmes auteurs, Jorge Amat et Denis Peschanski ont privilégié dans « La traque de l’Affiche rouge » (France 2, 2007) : les archives d’abord, souvent inédites (films et documents écrits) ; témoins inconnus pour la plupart, ou qui ne s’étaient jamais exprimés sur le sujet, comme Simone Veil, Claude Sarraute ou Emmanuel Leroy-Ladurie. Et, en fil rouge, l’analyse portée par l’historien Denis Peschanski, présent à l’image. Il s’agit donc bien de rendre compte de la réalité des faits évoqués, mais aussi du travail de l’historien, cet incessant aller-retour entre les questions qu’il se pose, ses hypothèses, et les réponses qu’il trouve dans les sources.

Denis Peschanski, directeur de recherche au CNRS, est spécialiste de la France des années noires. Historien de Vichy et de la Résistance, il a dirigé un ouvrage et une exposition sur la propagande de Vichy. Consultant de plusieurs films, dont « Hôtel du Parc » de Pierre Beuchot, il est co-auteur de « La Traque de l’Affiche rouge » et a reçu, à ce titre, le prix Grand Public du Festival du film de chercheur (Nancy, 2008).

Jorge Amat, après avoir réalisé les films sur les Brigades Internationales en Espagne, sur Jean Moulin avec orge Amat : après avoir réalisé les films sur les Brigades Internationales en Espagne, sur Jean Moulin avec Jean Pierre Azéma et Pierre Péan, sur la Libération de Paris avec Madeleine Riffaud puis, dernièrement, sur les résistants de l’Affiche rouge (le groupe Manouchian) avec son complice Denis Peschanski, il cherche avec ce film à comprendre pourquoi et comment la propagande de Vichy a lavé le cerveau de la population française.

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