samedi 10 mai 2008

La structure du film

"Le film est structuré autour de trois grandes thématiques:"

1/ Les thèmes de la propagande de Vichy

⇨ Centralité du chef, pierre angulaire de l’édifice
⇨ « La nature ne crée pas la société à partir des individus, elle crée les individus à partir de la société « (Pétain, janvier 1941). L’individu n’existe que par les communautés naturelles dans lesquelles il s’insère ; ainsi la famille, la corporation, la province et la patrie structurent la société.
⇨ Le rassemblement des éléments dits « purs » autour des valeurs traditionnelles : travail, famille, patrie, piété, ordre.
Avec les figures structurantes : la mère, le paysan, l’ancien combattant, le prêtre
⇨ L’exclusion des éléments dits « impurs », jugés responsables de la défaite, car responsables du délitement de la société française depuis la Révolution française : le Juifs, le communiste, l’étranger et le franc-maçon. Exclusion consubstantielle au régime de Vichy
⇨ Mais aussi … les absents de la propagande officielle (on parle peu de la guerre ; la priorité est au rassemblement ; l’occupant est occulté)

2/ L’appareil de propagande

⇨ Vichy au singulier, Vichy au pluriel : là comme ailleurs, on a en fait plusieurs politiques qui sont suivies. Dans un contexte qu’il faudra préciser (ainsi de la pression allemande), les gouvernements hésiteront entre deux logiques de l’information et de la propagande : d’une part, l’encadrement et la mobilisation, d’autre part, le contrôle et l’instrumentalisation. En fait 4 périodes :
• Le temps de la désorganisation et de toutes les utopies mais aussi de toutes les concurrences (second semestre 1940)
• Le temps de l’encadrement total de la société, sous la férule de Paul Marion sous Darlan
• Le temps de l’instrumentalisation au service de la politique de négociation avec l’Allemagne, sous Laval
• Le temps de la mise au service de la guerre civile, sous Henriot en 1944.

⇨ Chacun de ces moments permettra de découvrir la diversité et la richesse des dispositifs mis au service de la propagande.
• Contrôle des médias : la radio ; les Actualités avant la projection du film ; la censure (l’extraordinaire série de consignes de censure pour la presse)
• Structures dédiées à la propagande : ministères dont celui de l’information ; cabinet et entourage du maréchal (avec Ménétrel en particulier) ; les délégués à la propagande dans les régions et les départements ; les structures relais comme le Centre de propagande de la Révolution nationale
• Relais : officiels, comme la Légion, ou de fait comme, longtemps, l’Eglise catholique

⇨ Les lieux et les cibles
• L’école
• L’armée
• La jeunesse (Compagnons ; Chantiers de la Jeunesse etc.)
• Les prisonniers de guerre
• L’empire
Etc.


3/ Le constat d’échec : l’état de l’opinion

La solitude de l'historien

L'equipe de tournage

le chef operateur Bruno henri et le réalisateur Jorge Amat

Pierre Bourgeade- écrivain

Maurice Friedland-réalisateur

travailler en Allemagne

: pendant la campagne de France en mai juin 1940 près de 1 850 000 soldats vont être fait prisonnier de guerre : 1850000 ! et encore en 44 se trouveront près d’un million de prisonnier dans les aufslags et dans les stalags ... sur place c'est évidemment un enjeu pour les allemands, une main d’œuvre utile d’autant plus que les soldats allemands sont bloqués sur le front de l’est ... la moitié de ces prisonnier de guerre vont être dans des usines : un tiers au service de fermiers allemands ... que sait on de leur état d’esprit ? c'est toujours assez compliqué ...alors bien sûr on peut s’appuyer sur le journal, le trait d’union, qui est le journal des prisonnier de guerre mais là c'est la propagande officielle ... mais qui reflète pour partie ce qu'était leur état d’esprit, un état d’esprit qui au moins au début mais ça a duré souvent jusqu’en 43 voire 44 pour certains ... un etat d’esprit qui mêle certes le rejet de l’Allemagne , le rejet donc en France indirectement de la collaboration mais aussi une forme de confiance dans le maréchal.
le message est clair, l’enjeu est clair : pour aider le prisonnier de guerre il faut aider Pétain , pour aider Pétain il faut aider le prisonnier de guerre

Détournement de la fête du travail

L'appareil de propagande

L’appareil de propagande

⇨ Vichy au singulier, Vichy au pluriel : là comme ailleurs, on a en fait plusieurs politiques qui sont suivies. Dans un contexte qu’il faudra préciser (ainsi de la pression allemande), les gouvernements hésiteront entre deux logiques de l’information et de la propagande : d’une part, l’encadrement et la mobilisation, d’autre part, le contrôle et l’instrumentalisation. En fait 4 périodes :
• Le temps de la désorganisation et de toutes les utopies mais aussi de toutes les concurrences (second semestre 1940)
• Le temps de l’encadrement total de la société, sous la férule de Paul Marion sous Darlan
• Le temps de l’instrumentalisation au service de la politique de négociation avec l’Allemagne, sous Laval
• Le temps de la mise au service de la guerre civile, sous Henriot en 1944.

⇨ Chacun de ces moments permettra de découvrir la diversité et la richesse des dispositifs mis au service de la propagande.
• Contrôle des médias : la radio ; les Actualités avant la projection du film ; la censure (l’extraordinaire série de consignes de censure pour la presse)
• Structures dédiées à la propagande : ministères dont celui de l’information ; cabinet et entourage du maréchal (avec Ménétrel en particulier) ; les délégués à la propagande dans les régions et les départements ; les structures relais comme le Centre de propagande de la Révolution nationale
• Relais : officiels, comme la Légion, ou de fait comme, longtemps, l’Eglise catholique

les paroles du chef pour ceux qui vont à l'abatoir

Jeanne d'Arc à la rescousse de Pétain

et voilà une affiche qui est tout à fait illustrative de ce que voulait le régime de vichy .. la référence est à l’histoire .. une histoire qui remonte bien au delà de la révolution française bien sûr avec une référence à henri IV à richelieu, à jeanne d’arc ... jeanne d’arc un élément central évidemment dans le dispositif pourquoi ? parce que le personnage va être récupéré de tous cotés ... jeanne d’arc c'est elle qui a bouté l’ennemi hors de France et donc son image va être récupérée par la résistance mais jeanne d’arc c'est celle qui a bouté l’anglais hors de France et là la victoire contre l’anglais c'est parfaitement acceptable par l’occupant et parfaitement acceptable par la mythologie Pétainiste ...

Tournage à la BDIC

L'historien Denis Peschanski dissèque Pétain

"Le 17 août 1944, Hitler donne l'ordre d'emmener de force Pétain en Allemagne. Il a utilisé son image pendant l'occupation; il craint qu'elle soit utilisée par les Alliés. C'est dire que la propagande de Vichy a marqué les esprits. Quatre années durant, elle a repris les thèmes traditionnels de l'extrême droite française. Des idées bien de chez nous en quelque sorte. Mais, au-delà, le culte du chef a fonctionné comme un écran de fumée. Au service de l'occupant."
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l'encadrement total de la societé

Les chantiers de la jeunesse du Maréchal

... l’encadrement de la jeunesse c'est aussi un moyen de pallier la suppression du service militaires ... en effet l’armée est réduite à sa plus simple expression : 100 000 hommes. Ce qu'on a appelé l’armée d’armistice.. alors un certain général : le général laporte dutheil : un maréchaliste fervent convaincu et qui le restera jusqu’à la fin de la guerre, le général LD donc va proposer à Pétain la mise en place de ce qu'on a appelé les chantiers de la jeunesse .
dp : ces chantiers vont donc regrouper jusqu’à 100 000 jeunes de 20 ans chaque année ... ils vont suivre une discipline quasi militaires sur le modèle du service militaires qui n’existe plus ... on leur confiera des tâches d’interet général dans toute la zone sud .. car les chantiers ne sont pas acceptés en zone nord par les allemands car ils ont peur de voir là comme l’émergence d’une nouvelle armée qui pourrait se dresser contre l’occupant .

Une drôle de poigné de main-

24 octobre 1940. date tournante dans l’histoire de l’occupation avec une image qui va rester gravée dans les mémoires jusqu’à aujourd'hui : la poignée de main entre hitler et Pétain sur la ligne de démarcation à Montoire. Pétain a choisi la collaboration : il l’explique le 30 oct 1940 dans un discours radio diffusé repris sur affiche.
Je cite : c'est dans l’honneur ... c'est dans l’honneur et pour maintenir l’unité française dans le cadre d’une activité constructive du nouvel ordre européen que j’entre aujourd'hui dans la voie ... (hésite) c'est dans l’honneur et pour maintenir l’unité française dans le cadre d’une activité constructive du nouvel ordre européen que j’entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration ... en fait ce choix de la collaboration Pétain l’avait fait dès l’armistice, dès la défaite, dès la débâcle ... ce choix de la collaboration il le voulait parce que c'était un moyen pour lui de construire la nouvelle société qu'il appelait de ses vœux, un moyen pour lui de sortir de cette crise qui ne devait rien à la défaite, qui devait tout à l’état de la société ... de construire donc cette révolution nationale , ce projet politique et idéologique qui était le sien .. poignée de main avec Hitler ça ne pouvait pas passer dans l’opinion ... parce que autant l’image de Pétain , l’image du maréchal , du vainqueur de Verdun était positive autant la collaboration n’était pas acceptable ... comment imaginer que celui qui était le sauveur de la France était aujourd'hui celui qui serrait la main du dictateur ? de l’occupant ?

Bustes du maréchal à la place de Marianne

premier gouvernement de Pétain, Laval à sa gauche

On s’est souvent interrogés sur l’impact de Montoire sur l’opinion publique : cette poignée de main qui a scellé la collaboration entre la France de Vichy et l’Allemagne : cette poignée de main entre Pétain et Hitler , comment pouvait elle accepter et même comprendre qu'il fasse le choix de la collaboration ? Il ne savait pas ce que nous savons aujourd'hui à savoir que le choix de la collaboration était au cœur même de l’armistice. C'était une volonté de Pétain au même titre que les autres dirigeants de Vichy ... ce fut même une collaboration d’initiative française pendant deux ans . Prenons l’interrogatoire de Dumoulin de la Bartette le directeur du cabinet civil de Pétain il indique au sujet de Montoire , je cite : cette annonce provoque dans le pays un très grand malaise .. voilà la clé, ce n’est pas un bouleversement, un renversement, un tournant dans l’état et dans l’évolution de l’opinion, non c'est un malaise .. il va être levé .. il ne va pas être levé par Pétain qui quelques jours plus tard va justifier dans un message radio diffusé le choix de la collaboration ... il va être levé le 13 décembre 40 quand Pétain se débarrasse de Laval ... pourquoi ? parce que Laval qui était son vice président du conseil avait la main sur les relations avec l’Allemagne et en raison même du pouvoir qu'il avait ainsi au sein même du gouvernement au delà même , au dessus même de Pétain .. Pétain a voulu s’en débarrasser et il s’en est débarrassé le 13 décembre .. et là pour la société française .. pour une opinion qui était très maréchaliste mais où germait ce malaise dont parlait, dont parle Dumoulin de la Bartette eh bien pour l’opinion, pour la société française la clé est trouvée .. si Pétain a accepté de serrer la main de Hitler à Montoire en octobre 40 c'était pour mieux préparer l’évacuation de l’homme de la collaboration, de Laval ... c'était un coup de Jarnac

affiches propagande du groupe Fournier

l’affiche est l’un des supports privilégiés par l'Etat français pour faire passer son message ... c'est du moins l’image qu'on a conservée jusqu’à nos jours en fait au début c'était les paroles du chef, du maréchal Pétain qui étaient simplement reproduites, parfois sur des affiches un petit peu plus élaborées ... nous étions à l’automne 40 mais très rapidement à partir du printemps 41 les service de l’information vont mobiliser les compétences car compétences il y avait parmi les affichistes pour essayer de faire de véritables créations graphiques bien illustrées par l’équipe Alain Fournier ... elle avait pris ce nom évidemment par référence au grand Meaulnes ... c'est une équipe dirigée par deux très jeunes affichistes qui s’installent à Lyon début 41 et qui vont être à l’origine de 62 affiches exactement entre 41 et 44 et ces affiches.
Dans ces affiches vont être déclinées les valeurs de rassemblement chères au maréchal Pétain , des valeurs traditionnelles .:. pour beaucoup d'ailleurs ces thématiques s’inscrivent dans la longue durée mais elles prennent sens dans le cadre de la révolution nationale comme un groupe de référence pour l’idéologie officielle : que ce soit l’appel à renvoyer les femmes au foyer : « vos dépenses seront moins lourdes avec la femme au foyer » ... ou bien une propagande nataliste qui d'ailleurs là encore s’inscrivait dans la plus longue durée car la France était touchée par un déclin démographique depuis le milieu des 20’s et surtout les années 30 ... donc « un ménage sans enfant, un couple à la dérive » donc cette thématique va être reprise de façon récurrente ou encore une autre superbe .. on voit une petite avec une poupée dans les bras : maintenant un jeu, plus tard une mission ... quelques conseils aux enfants, conseils de politesse : « un petit français regarde bien en face » cette thématique sera déclinée autour de toute une série d’affiches faites par l’équipe Alain Fournier ...

vendredi 9 mai 2008

equipe tournage: au son:Jean-Luc Lebrun, a l'image Bruno Henri


Le film: Maréchal nous voilà?

Maréchal nous voilà ?
La propagande de Vichy 1940-1944

• Il est peu de régimes qui aient suscité autant de films que l’Etat français de Pétain. Longtemps trou noir de la mémoire sociale, il est depuis 20 ans ausculté sous tous les angles. Ou presque. Car jamais aucun film, documentaire ou fiction, ne fut consacré non pas aux actes et règlementations, mais à la propagande. C’est pourtant ce que les témoins ont d’abord retenu de la guerre.
• Des questions essentielles sont pourtant posées : quel discours officiel était tenu ? Dans quelle mesure y avait-il adéquation entre ce discours et la mise en œuvre de la politique ? Voilà des gouvernants qui, dans la tradition de l’extrême droite française, pensaient que la défaite, la débâcle était le résultat d’un délitement de la société, fruit d’un complot, un complot ourdi par ce que Pétain va appeler lui-même les « forces de l’anti-France » et qui avaient pour nom le Juif, le communiste, l’étranger et le franc-maçon. Il fallait donc, dans cette perspective, régénérer la société française de l’intérieur.
• Comment ? En rassemblant les éléments dits « purs » autour des valeurs traditionnelles : travail, famille, patrie, piété, ordre. On se trouve là au cœur de la propagande multi-supports du régime. Il s’agissait aussi d’exclure les éléments dits « impurs » jugés responsables de la défaite. L’exclusion était bien consubstantielle au régime de Vichy. Mais, ces thèmes là ne tinrent qu’une maigre place dans la propagande officielle. En particulier les persécutions antisémites.
• Tel est ce que le film explique. Il s’agit bien de repérer tous ces thèmes, mais également de donner à connaître le détail des services de l’Information, ceux des ministères bien sûr, mais aussi ceux qui relevaient de l’entourage direct de Pétain. Il s’agit, enfin et peut-être surtout, de mesurer l’emprise réelle de cette propagande sur les Français. En un mot : qu’en est-il de l’opinion publique ?
• Les choix cinématographiques sont proches de ceux que les mêmes auteurs, Jorge Amat et Denis Peschanski ont privilégié dans « La traque de l’Affiche rouge » (France 2, 2007) : les archives d’abord, souvent inédites (films et documents écrits) ; témoins inconnus pour la plupart, ou qui ne s’étaient jamais exprimés sur le sujet, comme Simone Veil, Claude Sarraute ou Emmanuel Leroy-Ladurie. Et, en fil rouge, l’analyse portée par l’historien Denis Peschanski, présent à l’image. Il s’agit donc bien de rendre compte de la réalité des faits évoqués, mais aussi du travail de l’historien, cet incessant aller-retour entre les questions qu’il se pose, ses hypothèses, et les réponses qu’il trouve dans les sources.

Denis Peschanski, directeur de recherche au CNRS, est spécialiste de la France des années noires. Historien de Vichy et de la Résistance, il a dirigé un ouvrage et une exposition sur la propagande de Vichy. Consultant de plusieurs films, dont « Hôtel du Parc » de Pierre Beuchot, il est co-auteur de « La Traque de l’Affiche rouge » et a reçu, à ce titre, le prix Grand Public du Festival du film de chercheur (Nancy, 2008).

Jorge Amat, après avoir réalisé les films sur les Brigades Internationales en Espagne, sur Jean Moulin avec orge Amat : après avoir réalisé les films sur les Brigades Internationales en Espagne, sur Jean Moulin avec Jean Pierre Azéma et Pierre Péan, sur la Libération de Paris avec Madeleine Riffaud puis, dernièrement, sur les résistants de l’Affiche rouge (le groupe Manouchian) avec son complice Denis Peschanski, il cherche avec ce film à comprendre pourquoi et comment la propagande de Vichy a lavé le cerveau de la population française.

Film de Jorge Amat et Denis Peschanski pour France 2 sur la propagande de Pétain









Documentaire pour France 2 : Maréchal nous voilà?